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Selon le pire scénario, en seulement dix ans, le lac pourrait arrêter de se déverser dans la branche du Nil blanc, seule voie de sortie empruntée par ses eaux. Les conséquences seraient désastreuses pour tous les pays mitoyens du fleuve légendaire. En effet, le lac Victoria est le plus gros pourvoyeur d’eau du Nil en dehors des périodes de mousson (juillet-octobre). Cet assèchement progressif viendrait alors renforcer les conflits déjà existant pour la ressource hydrique entre des pays comme l’Égypte et l’Éthiopie. De plus, le grand barrage de Jinja, situé à la naissance de ce bras du Nil en Ouganda, ne serait plus alimenté, privant les habitants de la région de cette ressource électrique.

Une diminution aussi rapide du niveau du lac isolerait aussi les principaux ports de pêche d’ici une centaine d’années. Or les pêcheurs du lac Victoria produisent actuellement plus de 1 million de tonnes de poissons chaque année, et l’Ouganda et le Kenya, qui perdrait tout accès au lac d’ici 400 ans, sont déjà en conflit sur les aires de pêches autorisées. Enfin, 40 millions d’Ougandais, de Kenyans et de Tanzaniens dépendent de l’eau douce du lac Victoria, notamment pour irriguer leurs cultures. Les répercussions de la dessiccation du lac ne concernent pas seulement les Hommes. Les grands lacs d’Afrique hébergent environ 2 000 espèces de cichlidés, une famille de poissons, dont environ 700 espèces dans le seul lac Victoria. Cent cinquante sont endémiques et risquent de disparaître.

« On ne sait pas vraiment quoi faire pour prévenir une telle situation, avoue la chercheuse. On ne peut pas dire aux habitants d’arrêter d’irriguer, par exemple, c’est leur seul moyen de gagner leur vie. » Le principal problème des chercheurs, selon elle, est le manque de données. Du fait de problèmes de fonctionnement des stations météos et, parfois, d'un éloignement trop important les unes des autres, leur couverture en Afrique de l’Est est pauvre et souvent interrompue. Très peu d’informations sont donc disponibles. « Pour certaines données, on n’a parfois que cinq années d’enregistrements. Nous avons besoin de plus pour préciser les modèles, notamment les flux des rivières ougandaises et burundaises qui se jettent dans le lac. » Pour l’heure, les chercheurs envisagent une autre piste : ils souhaitent collecter des sédiments autour du lac, afin d’affiner les événements climatiques passés de la région et, par extension, leur modèle de prévisions.

 

Further Information: https://www.nationalgeographic.fr/environnement/2019/12/lassechement-du-lac-victoria-menace-la-bonne-sante-du-nil

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