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Covid : l'Afrique du Sud sort la tête de l'eau après la deuxième vague

Un an après l'apparition du premier cas, le pays le plus touché du continent connaît un peu de répit, avec un recul spectaculaire du nombre de contaminations depuis le pic de décembre. Les scientifiques estiment que les personnes ayant été affectées par le variant sud-africain devraient présenter ensuite de solides immunités.

 
Publié le 8 mars 2021 à 10:54

Début mars 2020, le président Cyril Ramaphosa appelait à « rester vigilant », alors qu'il révélait aux médias qu'une première personne avait été testée positive au coronavirus sur le territoire, à la suite d'un séjour en Italie. Un an plus tard, et plusieurs confinements plus ou moins stricts, l'Afrique du Sud compte, selon les chiffres officiels, près d'un million et demi de contaminations, et plus de 50.000 décès liés au virus.

« Baisse spectaculaire » des infections

Mais ces dernières semaines, de bonnes nouvelles ont commencé à émerger, à commencer par la « baisse spectaculaire » des infections dont se réjouit le chef de l'Etat. Le pays enregistre désormais 10.000 nouveaux cas hebdomadaires, contre près de 90.000 sur la dernière semaine de décembre. Une chute impressionnante, qui permet aux hôpitaux du pays d'être désormais désengorgés, et à l'Afrique du Sud de se libérer un peu plus des restrictions : certains rassemblements sont à nouveau autorisés, et le couvre-feu est repoussé à minuit.

De leur côté, les scientifiques ont eux aussi des avancées positives à présenter au public, en lien avec leurs recherches sur le variant 501Y.V2 , devenu majoritaire lors de cette deuxième vague, et désormais présent dans une cinquantaine d'autres pays.

Développement d'une forte immunité

Des résultats préliminaires montrent que les patients atteints par ce variant développeraient une forte immunité contre cette souche, mais aussi contre les souches plus anciennes détectées lors de la première vague. Pour Tulio de Oliveira, directeur du centre de recherche KRISP qui séquence le virus, ces études montrent que le variant local « produit des anticorps puissants, capables de le neutraliser, mais aussi de bloquer potentiellement d'autres variants et souches du virus. »

 

Les recherches, toujours en cours, n'ont pas encore établi de certitudes quant à la réaction de ces anticorps face aux autres variants en circulation dans le monde, mais les scientifiques sud-africains espèrent qu'un vaccin conçu à partir du 501Y.V2 pourrait à l'avenir se révéler plus efficace contre les mutations du virus.

Lente campagne de vaccination

En attendant, l'Afrique du Sud s'est lancée dans sa campagne de vaccination, après quelques balbutiements. Le pays a précommandé 11 millions de doses auprès de Johnson & Johnson, ainsi que 20 millions de doses du vaccin Pfizer, afin d'étendre la campagne aux personnes à risque et aux travailleurs essentiels à partir de fin avril.

Pour l'heure, plus de 100.000 travailleurs de santé ont reçu une dose de Johnson & Johnson, après l'abandon du vaccin AstraZeneca , qui serait moins efficace face au variant selon une étude locale. Mais il faudra accélérer le processus, pour atteindre la cible fixée par le ministère de la Santé de 67 % de la population vaccinée, soit 40 millions de personnes d'ici la fin de l'année. « Nous devons de toute façon recalibrer nos attentes », tempère le professeur Shabir Madhi de l'université du Witwatersrand. « Avec la situation actuelle, et les types de vaccins auxquels nous avons accès, il est très peu probable que nous atteignons l'immunité collective. » La campagne de vaccination aura donc davantage pour but, selon le scientifique, d'éviter les formes graves.

Troisième vague

Les experts s'attendent en outre, à l'approche de l'hiver austral, à l'arrivée d'une troisième vague. Elle pourrait déferler « pendant le week-end de Pâques, ou les vacances, lorsque les gens se déplaceront davantage », estime le ministre de la Santé Zweli Mkhize, qui incite les Sud-Africains à ne pas relâcher leurs efforts et à continuer à respecter les gestes barrières.

D'autant que les chiffres de la mortalité depuis le début de la crise sont sans doute sous-estimés. Selon le Conseil sud-africain de la recherche médicale (SAMRC), le pays connaît, depuis un an, une surmortalité de 145.000 décès par rapport au nombre habituel de morts naturelles. Les scientifiques estiment que la majorité de ces décès sont liés à la pandémie, soit un nombre trois fois plus élevé que les chiffres officiels.

Claire Bargelès (Correspondante à Johannesbourg)

Article Originel: https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/covid-lafrique-du-sud-sort-la-tete-de-leau-apres-la-deuxieme-vague-1296219

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